Au matin je me prépare, j'harnache mon destrier et me voilà scotcher au bitume pendant 2h30 "burk !!".
Je fais un arrêt sympa à Colmars-les-Alpes au pied du fort Vauban pour un bon casse-dalle (et un achat d'une bouteille d'eau en plus dans le sac).
Et j'attaque la monté vers Ratery.
Me voilà enfin devant un single qui sent bon l'herbe, la terre, et la caillasse sous le pneu.
La montée continue ponctuée de poussages...
Je bascule vers le ravin de Noncière et je suis stoppé par un troupeau de brebis. Je me glisse doucement à pied parmi elles, avec en tête la bergère très sympa qui me freille un passage. Je suis également suivi de grand beaux patous pyrénéens qui protégent leurs brebis à grand coup de wouaf-wouaf.
Je finis la petite descente qui se termine à 1851m avec une petite pose photo "le mec hypocrite".....
Je remonte sur le VTT pour une ascension à 2276m par le ravin de Bressange, montée entrecoupée de pédalages et grosses poussettes, car le "vrai" portage (avec le poids du matos en plus de ma monture) est trop dur pour Bibi (donc je pousse !!!)
J'arrive enfin sur le plateau où se trouve le lac de Lignin. Déjà la traversée du ravin de Bressange m'a offert un magnifique avant goût de ce paysage sublime.
Extraordinaire, merveilleux....que dire de plus.
Je traverse émerveillé ce beau plateau jusqu'au lac.
Je suis cassé et il me faut maintenant trouver un endroit pour monter mon bivouac.
Après avoir un peu tourné, je trouve un coin sympa. En effet, je suis attentif aux coins à bivouac à pied et donc pour le VTT c'est idem : pas dans un ravin, pas à proximité d'humidité, pas trop exposé au vent, orienté pour les premières lueurs du soleil..etc...le mec pas chiant quoi !!.
Je me fais une petite toilette au gant, à l'eau bien fraîche. Je fais attention car j'ai consommé beaucoup d'eau pendant l'ascension et il ne me reste 900ml pour demain. A l'endroit où je suis, l'eau est croupi et boueuse et j'ai la flemme de chercher une source... Après ma collation du soir, je m'habille chaudement, je monte ma guitoune quechua t2 sans la chambre, ma couverture de survie....etc.
Le soleil commence son jeu d'ombre avec ces grands colosses de pierre, une légère brise se lève et je prends quelques photos avant la tombée de la nuit.
Je suis bien, quelle douceur et c'est beau avec un ciel azur.
Hummm, j'entends au loin des cloches qui se rapprochent !!!!
Que ne fut pas ma surprise de voir un âne paré sûrement de sa plus belle cloche au pas nonchalant mais déterminé se diriger vers MOI, en plus suivi de plusieurs centaines de brebis...
Il est clair que je n'en mène pas large, des questions tournent dans ma tête : où sont les patous? Vont ils dormir là? et le berger, il ne va peut-être pas apprécier ma présence ? etc.
L'âne continue doucement, fier comme Artaban. Il passe à 20 m de ma guitoune. A la dernière minute, il fait quand même un petit détour (car il est curieux comme une pie le bougre !), et il vient renifler ce machin en toile. Il repart doucement et un patou passe en me regardant tout tranquille. Le 2ème vient se faire caresser, renifle mon sac à victuailles et s'allonge à 10 m de moi.
Le 3ème passe très doucement en me regardant à peine. .
Je rentre tranquillou dans la tente, et tout ce petit monde rejoint ses pénates, sans berger qui doit attendre leur retour à la cabane au bord du lac..
C'était une bien merveilleuse rencontre du soir.
Je mange tranquillement, et je vais rejoindre les bras de Morphée jusqu'au petit matin. Je fut juste surpris en pleine nuit par un éclairage blanc intense qui filtre à travers la tente : ma copine la lune était aussi de la partie.
Au petit matin je suis méthodique car je pense que mon âne, meneur de troupeau, suivi des brebis et patous fermant la marche pourrait bien de refaire le trajet en sens inverse. Il serait dommage de courir après mes affaires sur la tête de brebis maladroites.
Me revoilà en ascension et après une erreur de chemin, je grimpe en haut de ce grand cirque de pierre.
A la Baisse du Détroit à 2472 m (d'où la vue est magnifique) et avant de faire ma bascule, je vois arriver le mauvais temps. 3 barres énergétiques, contrôle de mon niveau d'eau, bigophone à ma rideuse préférée (car pas de réseau au fond du cirque) et allez rouler jeunesse !!
J'emprunte un single délicat à flanc de montagne, entre éboulis et pierrier : chute interdite sinon c'est la correctionnelle.
Je finis le parcours dans des singles en sous bois de toute beauté, avec aussi quelques gros coups de poussette .
J'ai le droit à un final super jusqu'à la Colle St Michel.
J'ai zappé les 2 derniers singles entre route et route, et route et Verdon. Il pleuvait et j'étais quand même fatigué. J'ai voulu finir tranquillou sans bobo, mais je veux bien croire que le dernier single qui descend au Verdon doit être bien péchu et beau : ce n'est que partie remise.
Au final, c'est une magnifique randonnée, un chouette périple pour moi, de beaux souvenirs.
Chose importante pour la gestion d'un raid, d'une grosse rando, ou d'une traversée, en solo : ça doit être mûrement réfléchi. Tous les paramètres doivent être pris en compte. Mon expérience de quelques années de navigation à voile m'a permis de prendre des éléments en compte et qui sont presque les mêmes pour le VTT :
- la météo sur plusieurs jours,
Il faut enfin se gérer physiquement, savoir être très attentif, et s'arrêter quand il le faut (on n'est pas en mer donc on peut s'arrêter n'importe où. Cela qui me va très bien et j'ai fait cette sortie tranquillement avec mon petit physique de vététiste du dimanche.